La blessure de rejet
- Sylvie Gautier
- il y a 2 jours
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La blessure de rejet fait partie des cinq blessures émotionnelles. Si elle prend souvent racine durant l’enfance ou l’adolescence, elle impacte ensuite la vie de milliers d’adultes. Telle une plaie ouverte, elle influence de nombreux domaines de votre vie : estime de soi faible qui entraîne un besoin de perfection, anxiété sociale, difficulté à construire des relations amoureuses, amicales ou professionnelles saines et équilibrées, sentiment de solitude acéré.
Vivre avec cette blessure est un challenge quotidien, dans vos rapports aux autres comme dans le rapport à soi. Pour cicatriser, vous allez devoir faire la paix avec vous-même, pour enfin pouvoir vivre plus sereinement.
Qu’est-ce que la blessure de rejet ?
Popularisée par le best-seller de l’autrice Lise Bourbeau, spécialisée dans le développement personnel, a blessure de rejet est l’une des cinq blessures de l’âme, :
La blessure du rejet ;
La blessure de l’abandon (en lien avec la peur d’être abandonné) ;
La blessure de l’humiliation ;
La blessure de trahison ;
La blessure de l’injustice.
La blessure de rejet est décrite comme « relative au sentiment (fondé ou imaginaire) d’avoir été repoussé et non désiré par l’autre ». Elle va influencer tout le système de pensées d’une personne. Si on la pense corrélée à l’autre, elle est profondément liée à notre identité et à nos croyances.
Au quotidien, cette blessure peut être un véritable poison : désengagement social, peur de l’investissement ou à l’opposé, terrain fertile pour la dépendance affective, la sensation de non-appartenance et le besoin extrême de reconnaissance.
Les causes à l’origine de la blessure de rejet
Oscar Wilde nous disait : « L’émotion nous égare, c’est son principal mérite ! » Certes, mais jusqu’à un quel point ? Les émotions négatives engendrées par la blessure du rejet peuvent être une véritable plaie au quotidien. Mais alors, d’où vient la blessure de rejet ?
D’après une étude menée par l’Université Médicale du Michigan, notre cerveau traite le rejet social de la même manière qu’il gère la douleur physique. Nous pouvons l’expliquer d’une manière simple : pendant des millénaires, pour l’être humain, le rejet et l’exclusion sociale, hors du groupe, signifiait une mort probable. C’est pourquoi nous sommes sensibles au rejet. Certains plus que d’autres.
Cette blessure prend souvent place dans notre enfance. C’est à ce stade de développement que, baigné dans un environnement social, nous développons l’estime de soi. Pour d’autres, cette blessure va se créer pendant l’adolescence, période charnière de notre construction. Elle peut être liée à des carences affectives, à une recherche de perfection de la part des parents, créant un amour conditionné, comme à une rupture amicale ou encore à du harcèlement scolaire.
Quel est le masque de la blessure de rejet ?
Le masque social causé par la blessure de rejet nous permet de créer un mécanisme de défense pour éviter de ressentir cette blessure à nouveau. Dans le cas du rejet, il est parfois appelé le masque du fuyant. La personne fait le choix de fuir, de se désinvestir et de rejeter, pour ne pas avoir à risquer d’être elle-même rejetée. Dans des situations sociales, cela peut l’amener à être transparente : elle est là sans être là. Dur de créer du lien et d’être authentique quand on craint constamment d’être rejeté, de ne pas être apprécié et aimé.
Comment reconnaître la blessure de rejet ?
Reconnaître une blessure de rejet peut prendre du temps. Lorsque vous regardez dans votre passé, vous n’identifiez pas forcément un moment clé ou une situation qui aurait pu créer cette blessure. Pourtant, il est possible que vous souffriez d’une blessure de rejet. Certains signes peuvent vous mettre la puce à l’oreille : une estime de soi faible ou inexistante ; des comportements évitants ; de l’anxiété sociale ; un sentiment de solitude et d’isolement ; une susceptibilité handicapante ; de l’immaturité affective ; la recherche de la perfection ; de l’agressivité mal contrôlée ou encore des symptômes dépressifs.
Signe n° 1 : une faible estime de soi
En quelques mots, l’estime de soi désigne le jugement ou l’évaluation qu’une personne a de sa propre valeur. Lorsqu’une personne souffre d’une blessure de rejet, son image d’elle-même et la valeur qu’elle s’accorde sont fortement impactées : si elle a été rejetée, c’est qu’elle n’était pas assez bien, pas suffisante. Elle va traquer le moindre de ses défauts pour justifier les expériences du rejet, négligeant l’influence de l’environnement extérieur.
Cette distorsion de l’image de soi est propice à se remettre en cause quotidiennement, entretenant cette spirale négative d’auto-critiques et d’auto-sabotage. Chaque nouveau rejet a l’effet piquant du sel sur une plaie ouverte. Il vient renforcer le système de croyance de la personne souffrant de mésestime de soi : « De toute façon, je ne suis pas quelqu’un que l’on peut aimer. »
Signe n° 2 : les comportements évitants
L’Académie de Médecine définit les comportements évitants comme la volonté « d’éviter la confrontation avec l’objet, la situation, la personne ou l’animal phobogène, car la simple anticipation déclenche une réaction anxieuse importante. » Dans le cas d’une blessure de rejet, la personne va chercher à se protéger et va enclencher un mécanisme de défense : pour ne pas être rejetée, elle s’interdit de s’attacher à autrui, parfois inconsciemment, et de s’investir dans ses relations, amoureuses ou amicales. C’est un moyen de fuite.
Elle impose aux autres une distance de sécurité, sans prendre en compte ses besoins émotionnels et affectifs. Ainsi, elle entretient le même schéma et renforce ses croyances. En effet, cette distance de simili-sécurité rend ses relations souvent décevantes et inabouties, accentuant sa croyance qu’elle ne mérite pas d’être aimée. Évidemment, cela contribue de mettre à mal la faible estime que la personne se porte. En d’autres mots, en anticipant le risque de rejet, la personne préfère s’auto-saboter que de revivre cette douleur.
Signe n° 3 : l’anxiété sociale
L’anxiété sociale fait partie des troubles anxieux. Cette peur est associée à certaines activités sociales ou à des situations de performances où la personne pourrait se sentir observée, embarrassée, humiliée, rejetée ou préoccupée par le jugement des autres. Forcément, la crainte constante d’être rejeté rend les relations sociales compliquées. Si tout le monde ressent un jour du stress à l’idée de parler en public ou de rencontrer de nouvelles personnes, par exemple, l’anxiété sociale est considérée comme anormale lorsqu’elle est excessive, persistante et injustifiée.
Pour chaque situation et chaque événement, la personne va imaginer et anticiper le rejet. Or, le cerveau humain ne fait pas la différence entre une situation imaginée et une situation réelle. Rappelons qu’en plus, il traite le rejet comme il traite une douleur physique. Dans le cas de la blessure de rejet, chaque événement social est donc source de stress et de peine, avant même qu’il ait eu lieu.
Signe n° 4 : un sentiment de solitude
« Personne ne se soucie de moi », « Je n’intéresse personne » ou encore « De toute façon, je mérite d’être seul(e) » : avez-vous déjà eu ces pensées ? La blessure de rejet est très souvent accompagnée d’un grand sentiment de solitude.
Cet isolement peut sembler subi, pourtant il est généralement provoqué par le manque d’estime de soi, les comportements évitants et l’anxiété sociale, qui poussent à se mettre en retrait socialement pour se protéger. Cette solitude engendre un manque affectif. Cette carence se traduit par une douloureuse sensation de vide intérieur. Dans certains cas, elle peut mener aux conduites addictives et engendrer une dépendance affective, incompatible avec une relation de couple saine et équilibrée.
Signe n° 5 : une susceptibilité développée
La susceptibilité est parfois décrite comme de l’hypersensibilité. Si vous souffrez d’une blessure de rejet, il y a fort à parier que vous êtes particulièrement sensible aux paroles et aux actes de votre entourage à votre encontre. D’ailleurs, on dit de vous que vous vous vexez facilement. Sauf qu’il y a une autre réalité derrière cette susceptibilité à fleur de peau.
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